Une conférence placée sous le signe de l’espoir, de la paix et du partage
Par Hugo Hernandez-Cornet
Récipiendaire de la Bourse Rotary Sud Ile de France
Dans le préambule de l’acte constitutif de l‘Unesco est écrit : « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » Ce principe, inscrit en six langues sur une stèle à l’Unesco, rejoint les valeurs rotariennes dont la plus importante est de garantir la dignité humaine. Si décider au retour à la paix d’une région conflictogène est juste et moral, le sont pareillement la parité hommes-femmes, la lutte contre les épidémies ou l’accès à l’eau potable pour tous. L’objet de la conférence qui s’est déroulée le samedi 24 mars à l’Unesco portait sur « Les Nations Unies et le développement durable. L’impact du Rotary et de l’Unesco – S’investir dans le monde que nous voulons ».
Le développement durable est l’idée selon laquelle les sociétés humaines doivent répondre à leurs besoins essentiels sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Or de nos jours, il s’agit d’un concept peu appliqué dans le monde. C’est à ce manquement que les grandes organisations mondiales, dont l’Unesco et le Rotary, entendent remédier. L’aide précieuse du Rotary contre la polio, aujourd’hui quasiment enrayée, prouve son implication efficace en faveur d’un développement durable mondial. Les défis du XXIe siècle à relever sont considérables : les flux migratoires, la vaccination et la pollution. Comment le partenariat de l’Unesco et du Rotary assure et assurera le développement durable à l’échelle du monde ? Mais déjà dans la salle de conférence, Magnus Magnusson, directeur des partenariats et des mobilisations de ressources de l’Unesco, explique que seules des actions à tous niveaux permettent de relever ces défis. Notre rôle au sein d’une organisation nous semble dès lors indispensable et juste.
L’éducation demeure le pilier d’une société pacifique et l’Unesco se charge du renforcement du système éducatif. Cheffe du projet Education for Sustainable Development (ESD), l’organisation dispose de 9 000 écoles à travers le monde. Ces écoles assurent aux élèves de tout âge un enseignement adapté ainsi qu’une formation à certains métiers. Le projet d’action mondiale de l’Unesco cherche à transformer profondément les sociétés en améliorant les individus. Ce programme est perçu comme d’autant plus utile qu’il existe 800 millions d’adultes et 233 millions d’enfants analphabètes dans le monde.
Deux enjeux sociaux sont prioritaires : l’éducation des filles et la parité des sexes. Chaque année dans le monde, 15 millions de jeunes filles de moins de 18 ans sont mariées de force. Indignée, Madame Marie Christine Griez, représentante à l’Unesco de Soroptimist International, souligne que pour les sociétés la priorité sociale est de former convenablement les filles pour les prémunir de conditions de vie insoutenables. Il faut permettre cette éducation coûte que coûte et ce malgré les dépenses nécessaires à sa mise en place.
Si dans nos sociétés modernes les guerres demeurent lointaines, elles sont omniprésentes pour certaines populations et empêchent toute forme de développement. Pour Mme Charlotte Caron Tchegang, médiatrice politique et militante franco-camerounaise, résoudre les conflits au plus vite est la condition première à l’établissement de sociétés paisibles. Selon l’article 33 de la chartre de l’ONU, la paix entre les parties opposées ne s’obtiendra que « par voie de négociation, d’enquête, de médiation, de conciliation, d’arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d’autres moyens pacifiques de leur choix » pour le bien de tous. Au cœur du Moyen-Orient, région de conflits, le Liban est un territoire où les cultures et les religions coexistent savamment en harmonie. M. Najib Zakka, ancien Doyen et professeur à la Faculté de Lille 3, développe l’idée d’un état confessionnaliste dans lequel la liberté de culte permet la représentation de dix-huit communautés religieuses. Elles détiennent de manière proportionnelle (selon le nombre de croyants) le pouvoir politique. Ce système démocratique particulier assure une coexistence pacifique et constructive entre les différents croyants.
Autre défi touchant à la vie et au bien-être : l’accès à l’eau et à l’assainissement. Les besoins en eau potable se sont accrus au fil du temps et répondre à ces besoins contribuerait au développement certain des régions concernées. Selon le Conseil Mondial de l’Eau, 300 millions d’Africains n’ont pas d’accès à l’eau en 2016 (soit près de 25 % de la population africaine). Le droit universel à l’eau devrait être garanti par l’État ainsi que par une multitude d’acteurs variés dont les ONG humanitaires. L’aide indispensable du Rotary consiste à soutenir les habitants touchés en creusant des puits, installant des pompes et créant des latrines sèches.
Il est un autre enjeu urgent de taille, le défi climatique. M. Patrick Gallaud, Vice-président du comité de liaison des ONG-UNESCO, explique la conséquence directe et heureuse du cri d’alarme de quinze mille scientifiques sur l’état grave de la planète. Pour lui, ce dernier peut déclencher un véritable « raz de marée d’initiatives ». La défense de l’environnement se poursuit par les nombreuses actions du Rotaract (18-30 ans) comme le ramassage des déchets sur les plages et dans les rivières. De plus, l’organisation s’engage à planter un arbre par Rotaractien. Cette action implique plus de 291 000 arbres plantés.
Une vie digne se définit aussi par le maintien d’un corps sain et protégé par les vaccins de nombreuses maladies. Or les pandémies du sida (37 millions de personnes atteintes à travers le monde) ou de la tuberculose (10 millions) touchent sévèrement des millions d’êtres humains, qui le plus souvent ne peuvent se soigner, faute de moyens. Mais la campagne réussie du Rotary contre la polio laisse espérer des succès similaires.
Si la principale préoccupation concerne l’avenir de notre planète, il en existe d’autres comme l’accès à l’emploi ou la santé qui visent à garantir une vie digne. Un des dix-sept Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU concerne le travail décent et la croissance économique, relatifs en particulier à l’emploi des jeunes. En effet, pour souligner l’urgence de la situation, le site de l’ONU indique que 470 millions d’emplois par an seraient nécessaires dans le monde pour les nouveaux arrivants sur le marché du travail entre 2016 et 2030. Son projet à court terme consiste en la réduction massive d’ici à 2020 du « nombre de jeunes non scolarisés, sans emploi ni formation ». Ainsi, la garantie d’un accès à un emploi pour les jeunes semble se concrétiser. Toutefois, il est à noter que les performances technologiques rendent le marché de l’emploi particulièrement imprévisible.
Finalement, le partenariat de l’Unesco et du Rotary est une aide précieuse et indispensable au maintien de la paix dans le monde, à la protection de la planète et à la garantie d’une vie digne. Enfin, si les politiques des États doivent être repensées en faveur d’un développement durable mondial, ils peuvent s’inspirer de l’œuvre prodigieuse de l’Unesco et du Rotary.
« Building peace in the minds of men and women » (UNESCO)
Hugo Hernandez-Cornet : Récipiendaire de la Bourse Rotary Sud Ile de France organisée chaque année depuis 2013 par les clubs de Fontainebleau – Milly la Forêt – Moret sur Loing – Montereau Fault Yonne – Nemours –Saint-Pierre les Nemours – Provins. Hugo se destine à des études de journaliste que la Bourse va contribuer à financer.