Par Serge Gouteyron
Présentation à la Master Class dédiée pour la paix à Lille le 18 septembre 2017
Ce n’est pas rien 36 000 clubs apolitiques et non confessionnels dans le monde engagés pour que la paix soit possible.
Un peu d’histoire
C’est en 1921, à la convention d’Edinbourg que le Rotary introduira « l’aide à l’avancement de la paix » parmi ses buts.
Jusque dans les années 50, il sera un avocat actif du plaidoyer pour la paix.
Le Rotary exprimera publiquement sa position sur le désarmement, le patriotisme, les droits de l’homme, la justice, le respect des croyances de chacun tout en disant que certaines normes morales spirituelles sont fondamentales et que mises en pratique, elles donnent à la vie plus de richesse et de plénitude.
Il n’est pas surprenant que lors de la conférence internationale que le Rotary organise à Londres en 1942, il demande avec les ministres du monde libre présents, la création d’une institution capable de garantir la paix par l’éducation et la culture
« les guerres prennent naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes qu’il faut élever les défenses de la paix »
Ce sera l’Unesco en 1945.
Il n’est pas non plus surprenant alors que le Rotary ait participé à la rédaction de la charte des Nations Unies à San Francisco en 1945 et, mieux, que le Président du Rotary ait pu désigner 10 rotariens pour faire partie de la délégation américaine à la demande du Secrétaire d’Etat des Etats Unis.
C’est dans le même esprit que les rotariens français et allemands créeront en 1950 à Strasbourg le 1er comité interpays pour restaurer la confiance et favoriser la compréhension entre les 2 pays.
Rappelons pour mémoire que le président du comité français, Roger Coutant était Lillois et que le président allemand Robert Haussman de Stuttgart appartenait à l’un des 24 clubs allemands réactivés à la fin de la guerre puisque le pouvoir nazi avait interdit le Rotary.
Soulignons le rôle prépondérant de René Cassin , professeur de droit , rotarien à Lille, rédacteur pour la France de la charte des Nations Unies, de la déclaration des droits de l’homme à Paris en 1948, président de la Cour Européenne des droits de l’homme, Prix Nobel de la Paix.
Lille n’est pas neutre dans le choix pour une chaire pour la Paix tout comme les Hauts de France parsemés de blancs cimetières
C’est en 1950 que l’organisation du Rotary adopte comme devise « Service Above Self » –« Servir d’Abord » en Français.
Des années 50 aux années 90, nous sommes dans une période de forte expansion du Rotary, par contre la guerre froide produit ses ravages et les clubs rotary sont interdits par les régimes communistes dans toute l’Europe Centrale.
Sous l’impulsion de la Fondation, le Rotary privilégie l’action humanitaire et renonce pendant quelques années à organiser sa journée phare aux Nations Unies à New York.
La chute du mur de Berlin, en 1990, entraine la renaissance du Rotary dans les pays de l’Europe Centrale et Orientale – très souvent d’ailleurs grâce à l’action des comités interpays.
Puis en 2002 avec l’ouverture de 7 centres d’études internationales pour la paix et la résolution des conflits dans les plus grandes universités, le Rotary retrouve non seulement son inspiration originale mais la met en pratique.
Et ce sont en 15 ans, un millier de nouveaux « ambassadeurs pour la paix » qui travaillent principalement dans les institutions internationales, les gouvernements, les ONG et dont certains ont même créé leur propre centre de résolution des conflits.
De quoi faire avancer un peu plus l’idéal de paix.
Aujourd’hui
Le Rotary est une organisation multi services dont les actions visent à rendre le monde meilleur.
Sa démarche est celle de la paix positive par le service à travers ses causes :
- L’éducation pour tous, en commençant par l’illettrisme puisque 750 millions d’hommes et de femmes sont illettrés. Plus de 50 millions d’enfants ne sont pas scolarisés.
- L’eau potable et l’assainissement partout 1 milliard de personnes pour l’eau et 2 milliards pour l’assainissement en sont dépourvues
- Prévenir et guérir les maladies à l’instar du combat engagé en 1987 pour l’éradication de la poliomyélite qui fait du Rotary la conscience mondiale de cette lutte même si aujourd’hui la Fondation Bill et Mélinda Gates est devenue le 1er pourvoyeur de fonds privés.
- Le développement économique pour assurer la croissance et diminuer la pauvreté
- Et enfin la prévention et la résolution des conflits pour lesquels une partie de la solution se trouve dans le rayonnement et l’action de terrain des rotariens.
Car comme cela a été dit à l’Unesco en 2015 lors de la conférence présidée par Gary Huang président 2014/2015,
« Les 500 rotariens présents ont réaffirmé leur volonté de faire vivre la paix civile à travers la culture du Rotary, celle qui induit les comportements loyaux et équitables, le respect des droits humains, la compréhension de l’autre, le progrès économique durable et une gouvernance éthique. Tous éléments qui forgent la cohésion sociale d’un pays préalable à la paix ».
Car l’un des apports du Rotary c’est bien de contribuer par ses valeurs et ses actes à la cohésion culturelle et sociale du pays.