Par Patrice Gadroy
Gouverneur 2017/2018 du District 1520
C’est à l’initiative d’un homme passionné Paul Harris, que nous devons la création du Rotary.
En effet, le 23 février 1905, cet avocat de Chicago rassemble plusieurs hommes d’affaires issus de milieux professionnels différents, avec un seul objectif : échanger des idées et créer des liens amicaux.
Silvestre Schile (Grossiste en charbon), Hiram E.Shorey (Tailleur), Gustav us Loher (Ingénieur des mines) constituèrent donc avec Paul Harris le premier Rotary Club du monde.
Ils décidèrent d’appeler leur club « Rotary » afin d’illustrer la rotation de leurs lieux de réunions qui se trouvaient être le siège de leurs entreprises.
Paul Harris naît en 1868, il fait ses études à l’université de Princeton puis à celle de l’Iowa, il décède en 1947.
De ses jeunes années dans le Vermont auprès de ses grands–parents, il est marqué par les cicatrices de la guerre civile américaine qui prend fin en 1865. Après un long séjour en Europe comme il était d’usage dans la bonne société WAPS à cette époque, il rentre dans la vie active et le monde des affaires.
En ce 23 février 1905, nos quatre amis ont certes la volonté de créer des liens amicaux solides entre eux, mais leur réflexion les conduit également à envisager les moyens d’améliorer l’éthique professionnelle, dans cette nouvelle fédération américaine qui prend peu à peu conscience de son rôle de leadership mondial.
L’origine du Rotary est donc initialement basée sur des considérations de camaraderie et d’éthique professionnelle. Ces valeurs sont d’ailleurs, toujours les préoccupations de notre mouvement.
Les années suivantes voient le Rotary se développer régionalement tout d’abord :
- 1911 : Création du premier club hors USA à Winnipeg au Canada
- Puis traversée de l’Atlantique pour rejoindre la vieille Europe, 1911 : création du club de Dublin
- 1921 : Naissance du premier club Français à Paris
L’aventure rotarienne est donc lancée et rien ne l’arrêtera plus.
En1917, un évènement majeur intervient. En effet, lors de la convention internationale d’Atlanta le président du RI Arch. Klumph propose la création d’un « fond de dotation » pour permettre de « faire le bien dans le monde ».
La Fondation Rotary était née.
Ainsi grâce à la générosité et à la détermination des rotariens de tous les pays, La Fondation Rotary devient l’une des principales organisations caritatives au monde.
Si le premier versement au fond de dotation du Rotary est réalisé par le RC de Kansas City avec un don de 26.50$, la collecte des fonds pour l’année 2016/2017, année du centenaire, dépasse les 300.000.000$.
Avec la création, en 1978, du programme 3H – Health, Hunger, Humanity – la Fondation Rotary se donne comme but d’améliorer la santé, de lutter contre la faim et de promouvoir le développement humain et social.
Quelques années plus tard la Fondation affine ses objectifs en ciblant 6 axes stratégiques, qui sont :
- Paix et prévention/résolution des conflits
- Prévention et traitement des maladies
- Eau et assainissement
- Santé de la mère et de l’enfant
- Alphabétisation et éducation de base
- Développement économique et durable
- C’est autour de ces 6 priorités que s’articulent désormais les principales actions humanitaires du Rotary International.
L’année 1979 voit le début de la campagne d’éradication de la polio dans le monde avec 6.000.000 d’enfants vaccinés aux Philippines.
Le programme mondial officiel « POLIO PLUS » est lancé en 1985 avec l’objectif de vacciner tous les enfants au monde.
Des moyens collectifs sans précédents ont été mis en œuvre sous l’impulsion du Rotary International avec ses partenaires : l’OMS, l’UNICEF, CDC Atlanta et la Fondation Bill et Melinda Gates. C’est en effet en 2007 que le patron de Microsoft engage sa fondation à nos côtés à hauteur de 100.000$, il promet par la suite de doubler chaque année les versements de la Fondation Rotary au profit de cette action humanitaire. Pour 1 dollar versé par les rotariens à Polio+, la fondation Gates verse désormais 2 dollars.
A ce jour 11.000.000.000$ ont été versés qui ont permis de vacciner 2.500.000.000 d’enfants.
L’éradication totale de la maladie est attendue pour 2018/2019.
Il ne reste aujourd’hui que quelques cas avérés de cette terrible maladie qui a tant affecté ma génération :
– 0 cas avérés au Nigéria au 30 juin 2017
– 2 cas au Pakistan
– 4 cas en Afghanistan, à cette même date.
Ces 3 pays, vous l’aurez bien entendu remarqués, sont actuellement en proie à des guerres civiles et religieuses qui fragilisent les autorités gouvernementales et ne favorisent pas l’aide humanitaire.
On comprend mieux ainsi les responsables de la Fondation Rotary d’avoir ciblé comme premier axe stratégique « Paix et prévention/résolution des conflits ».
En effet l’aide humanitaire rotarienne, qu’elle concerne la prévention des maladies, l’accès à l’eau potable, la protection de la mère et de l’enfant, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture ou le développement économique et durable, toutes ces missions, ne peuvent être réalisées qu’en période de paix et j’ajouterai de fraternité.
Les conflits et les violences déplacent des millions de personnes chaque année. La moitié des victimes dans ces conflits sont des enfants et 90% des tués sont des civils. Les rotariens du monde entier refusent d’accepter que la violence soit banalisée.
Grâce à nos actions, à nos centres du Rotary pour la Paix, à nos bourses d’études, à notre programme des « Students- exchange » et également à la création de cette « Chaire pour la Paix » à l’initiative de quelques rotariens du RC Lille-Nord-Nouveau Siècle et la Fédération Internationale des Universités Catholiques (FIUC), nos membres s’engagent à résoudre les causes sous-jacentes des conflits que sont la pauvreté, les inégalités, les conflits ethniques, le manque d’accès à l’éducation ainsi que la mauvaise distribution des ressources.
Chaque année, le Rotary sélectionne 100 candidats à travers le monde pour étudier dans l’un des centres du Rotary pour la Paix.
En marge des grands programmes internationaux, notre mouvement s’implique également dans la lutte contre le harcèlement scolaire ainsi que dans la protection contre les violences domestiques. Les clubs s’investissent dans leurs communautés en apprenant à gérer pacifiquement des situations de conflit.
Je me dois maintenant, en ma qualité de gouverneur du District 1520 du Rotary International de vous expliquer la genèse de ce projet, mais aussi d’adresser toutes mes félicitations et ma profonde reconnaissance au Rotary Club de Lille Nord Nouveau Siècle, en particulier à nos amis rotariens Jacques Guiset, Paul Astier, Serge Gouteyron sans oublier mon adjointe Jocelyne Wullschleger et à l’Université Catholique de Lille d’avoir conçu, piloté et réalisé ce magnifique projet de CHAIRE POUR LA PAIX.
C’est à la suite d’une conférence de Luc Ferry organisé par le RC LNNS en 2015 et qui se déroulait dans ce prestigieux cadre de cette université, en présence de 900 auditeurs, que Luc Dubrulle acceptait le challenge proposé par quelques intellectuels rotariens de créer une CHAIRE POUR LA PAIX, une offre d’enseignement et de recherche doctorante.
Dès lors, et très rapidement, fut organisée une rencontre entre le Rotary et un maître d’ouvrage exceptionnel, le Pr François Mabille, qui était sur le point d’être nommé à de nouvelles responsabilités comme Secrétaire Général de la Fédération Internationale des Universités Catholiques.
C’est ainsi que ce programme universitaire fut organisé à Lille, en étroite collaboration avec le Doyen Iannic Panoussis et ses équipes pour la mise en route de cette première session qui nous réunit tous ici aujourd’hui.
Nos remerciements vont également à tous ceux qui sont intervenus dans la mise en place de ce grand projet, en particulier, les responsables de cette grande institution de l’UCL : son Président-Recteur Pierre Giorgini, un innovateur dans l’âme, l’ancien Président- Recteur Thérèse Lebrun, une grande visionnaire, et enfin le Vice-président-Recteur Luc Dubrulle, un maître d’œuvre attentif.
Toute cette équipe a apporté un soutien indéfectible dans cette ambitieuse aventure qui ne fait que commencer, et dans laquelle les instances régionales et internationales du Rotary feront tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre leurs réseaux (1.200.000 rotariens présents dans plus de 200 pays dans le monde) et leurs responsables dans la boucle du projet et de sa mise en œuvre.
J’espère vous avoir permis de mieux comprendre notre mouvement à travers son histoire, ses hommes et ses femmes, même si ces dernières ne nous ont rejoints que depuis l’année 1989, mais aussi au travers leurs engagements et de toutes ces belles actions réalisées depuis maintenant plus d’un siècle.
Je pense que dans la décennie qui vient nous devrions voir apparaître comme 7ème axe stratégique à la Fondation Rotary, les questions environnementales qui risquent également d’impacter les relations géopolitiques entre les états.
On nous reproche souvent, au sein de notre propre famille, d’avoir succombé au compassionnel au détriment du professionnel. Je répondrai volontiers que notre probité professionnelle fait de nous les meilleurs défenseurs de l’équité humaine et donc de la Paix dans le monde.
Nous ne pouvons pas nous réfugier éternellement derrière nos corporatismes respectifs sans nous soucier de préparer nos sociétés au partage durable de nos richesses, qu’elles soient économiques ou naturelles.