LA CULTURE DU ROTARY

Blog de Serge GOUTEYRON

LA CULTURE DU ROTARY - Blog de Serge GOUTEYRON

Reconvoquer l’éthique professionnelle

Par Serge Gouteyron

Comme j’ai pu le rappeler lors du World Forum de Lille du 27 novembre dernier, dans la session « Reconvoquer l’éthique professionnelle » animée par Jean Michel Lobry, ce sont 3 entrepreneurs – un négociant en charbon – un ingénieur des mines – un tailleur – emmenés par un avocat Paul Harris – qui ont créé le 1er club Rotary en 1905.
Leur idée :  » Réunir le monde des affaires dans un club amical pour « changer » leur ville Chicago en y apportant philanthropie et droiture« .
La profession est centrale au Rotary d’abord parce qu’elle conditionne l’adhésion et parce qu’elle est inscrite comme telle dans ses buts.
« Considérer sa profession comme un vecteur d’action au sein de la société » et « Observer des règles de haute probité dans l’exercice de sa profession« .
D’ailleurs les 2 devises du Rotary illustrent bien ce double engagement « Servir d’abord » – « Service above self » pour les activités éducatives et humanitaires et « Qui sert le mieux profite le plus » – « He Profits Most Who Serves Best » – en référence à un autre rotarien du début Arthur Sheldon qui professait que le succès d’une vente dépend du service que l’on rend.

Autre année déterminante dans l’histoire du Rotary – 1932 :
Herbert Taylor rotarien cadre de banque est appelé pour redresser une entreprise d’ustensiles de ménage : l’aluminium company.
Il expérimentera pour cela le critère des 4 questions –  » The Four Way Test » .
Un mode de réflexion et d’action basé sur une démarche d’introspection de dépassement et d‘équité :
Pour toutes choses que nous pensons, disons, faisons, posons-nous 4 questions :
• « Est-ce vrai ? » – est-ce conforme à la vérité
• « Est-ce juste ? » – est-ce loyal de part et d’autre
• « Est-ce source de bonne volonté réciproque et d’amitié ? »
• « Est-ce équitable et bénéfique pour chacun ? »

Une responsabilité personnelle, une éthique hors de tout dogme, axées sur l’intérêt collectif.
Le Rotary adoptera le critère des 4 questions en 1943 et en 1954 Herbert Taylor sera Président.

120 années après la création du premier club, le Rotary International est devenu une organisation puissante, apolitique et non confessionnelle présente dans tous les pays libres ; lequel a ajouté dans sa mission, dès 1921 : « l’aide à l’avancement de la paix »
Fort de ses 46 000 clubs lesquels distribuent chaque année la contrepartie de 1 milliard de dollars en actions d’intérêt public et fort de ses 1 million 400 000 membres lesquels chaque année consacrent au moins une semaine de leur temps en bénévolat.
Restée fidèle à ses principes d’origine, à ses valeurs de service, d’intégrité, de leadership, de camaraderie et de diversité.
Les fondateurs du Rotary déjà partisans résolus de l’économie responsable, plébisciteraient aujourd’hui la nouvelle responsabilité sociale et environnementale comme les nouveaux modèles entrepreneuriaux et l’entreprise à mission.

Pour autant, si l’impact du Rotary est impressionnant sur le plan des actions humanitaires, son empreinte dans la société diminue et en France, ces dernières années, les effectifs et la fidélisation reculent et ce malgré d’intenses efforts.

Je pense que restaurer notre influence dans ce domaine passe probablement par rééquilibrer dans la pratique du Rotary les 2 fonctions « Service et Professionnel » et en priorité « reconvoquer l’éthique professionnelle » et le critère des 4 questions.
Faire vivre un réseau amical et engagé, actif dans les instances, innovant porté par les valeurs d’équité, de loyauté et de philanthropie.
Utopique ?