Par Anaïs Monier
1er prix concours d’éloquence du club de Fourmies Hirson Vervins
Elève en terminale L à Notre Dame de Grâce à Maubeuge
Le samedi 10 novembre 2018 à Fourmies
Nous sommes réunis aujourd’hui, pour témoigner d’un devoir de mémoire qui est le premier cessez-le-feu sonné par le caporal Clairon Pierre Sellier le 7 novembre 1918 à » la Capelle d’Haudroy ». Cela a permis l’arrêt des hostilités entre la France et l’Allemagne, et a enclenché les négociations concrètes de paix signée le 11 novembre.
On nous a demandé ce que pour nous évoquaient les mots: « Europe, paix, liberté, 100 ans après ».
L’Europe c’était, à cette époque, une solidarité! Car pendant 4 années, les soldats coloniaux ont été envoyés sur le sol français et sur tous les fronts. Ils se sont attirés les éloges du commandement pour leur bravoure, leur héroïsme, et leur » esprit de sacrifice » au service d’une guerre qui n’était pourtant pas la leur. Ils ont résisté à la propagande allemande! Ainsi qu’à l’appel du djihad lancé par les turcs. C’est grâce à cette solidarité, que la France, et l’Europe, ont gagné.
L’Europe c’est plus qu’un continent, avec les pays alliés, tous vainqueurs d’une haine qui n’est semble-t-il plus notre combat.
Pour définir la paix, j’ai pensé qu’il valait mieux expliquer son contraire. Selon moi son contraire est la guerre. Mais qu’est-ce que la guerre? La guerre est par définition le fait de se battre pour pouvoir garder nos libertés… Mais c’est aussi avoir peur, froid, subir la famine à ne plus dormir! Et se faire tuer pour la paix des autres… La paix c’est çà… Ne pas devoir faire ce que les soldats ont dû ou doivent encore endurer. Même avec du patriotisme, la paix en 1918 c’est décider de ne pas mourir en un claquement de doigts, en une balle, en un obus, dans une tranchée à même le sol, et la boue qui nous recouvre nous et le patriotisme aveuglant de certains.
La liberté quant à elle, c’est la possibilité de pouvoir agir sans contrainte et de ne pas s’aliéner. C’est celle que je prends aujourd’hui pour exprimer mes sentiments. La liberté c’est pouvoir dire « non », sans se faire traiter de lâche, la liberté c’est dire que Boris Vian est un compositeur qui peut manifester sa colère dans sa « lettre au président » par rapport au devoir des Hommes de combattre pour la paix de leur pays en s’enfermant, en se condamnant à une mort physique très probable, et à une mort morale certaine. Rappelons-nous que nos poilus étaient considérés comme déserteur ou menteur lorsqu’ils revenaient du combat sans blessures, apparentes. La liberté d’aujourd’hui c’est tout ce que nous n’avions pas hier. La liberté c’est un des piliers de notre constitution. D’ailleurs, toutes les notions abordées sont des fondements de la France que nous connaissons telle qu’elle est. La paix pourrait être aussi une des branches de la liberté car Malcom x, qui était un homme politique américain, disait: « Paix et liberté ne peuvent être séparées, car personne ne peut être en paix tant qu’il n’est pas libre. »
La notion d’Europe s’accorde aussi avec la fraternité comme nous avons pu le voir précédemment. Pour la laïcité qui se rajoute aujourd’hui, un quidam disait « La laïcité est un signe de paix et d’égalité pour la République et toute l’humanité. » La laïcité c’est notre histoire, c’est aussi celle de nos ancêtres qui sont morts pour qu’aujourd’hui nous connaissions un monde meilleur. C’est cette histoire que nos aïeuls ont écrite avec leur sang pour qu’on n’en démolisse pas les bases et que nous bafouons leur esprit de camaraderie puisque des inégalités culturelles et ethniques persistent en France. Selon Günter Grass, Artiste et écrivain Allemand: « Le racisme, c’est le manque de tolérance caché sous l’arrogance, ce sont les guerres et leurs conséquences, qui marquent l’histoire de nos pays. » C’est pour cela qu’aujourd’hui il est important de se remémorer notre Histoire, de témoigner de l’horreur et de l’injustice de celle-ci, pour que nous et les générations futures ne connaissions plus comme l’a si bien dit Voltaire “cette boucherie Héroïque”, qui a tout de même été nécessaire dans la construction de l’identité française et européenne. Plus jamais nous ne devrions être arrogant, raciste, xénophobe et antisémite.
Il faut que l’histoire serve enfin de leçon, mais est-ce une utopie dans la mesure où l’histoire s’est répétée en 39-45? Peut-être puisque c’est la haine, l’arrogance, l’esprit de domination, de délation, voire de soumission, qui a germé à nouveau 25 ans après. Peut-être puisque aujourd’hui encore, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Allemagne, (pays européens), se rapprochent des extrêmes pour les mêmes excuses que l’humain utilise pour faire la guerre depuis son existence. Néanmoins on peut aussi comme le disait monsieur Donnadieu, qui est un homme polyvalent par ses talents de Photographe, Graphiste, et d’Auteur, cesser de donner de l’importance à la violence de quelques natures qu’elle soit car je cite: « Disserter trop du racisme c’est l’entretenir. »
Revenir à cette première guerre mondiale, Henri Barbusse, journaliste et romancier, disait quant à lui: « Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine. Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu’on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés. » Il montre dans cet extrait que l’homme tel un fauve emprisonné se défend contre un ennemi qui est avant tout un être humain et que l’autre est désespérément dans la même situation. Il montre également que l’homme qui se bat pour des vies et avant tout prêt à risquer la sienne, à se sacrifier au nom de la France et de ses valeurs, qu’ils ont défendus. Je pense à Albert Roche qui en 1914 est appelé du haut de ses 19 ans à servir la France. Le maréchal Foch dira de lui qu’il est « Le Premier Soldat de la France ». Je pense aussi à Jean-Corentin Carré. Ce jeune Breton érigé en héros après sa mort en 1918. En réussissant à s’enrôler à seulement 15 ans, il est entré dans l’Histoire comme l’un des plus jeunes combattants français de la Première Guerre mondiale.
Nous devons nous rendre compte de la chance que nous avons cents ans après d’avoir les libertés que nous avons, la paix que nous avons, d’avoir 15 ans et de ne nous soucier que d’apprendre nos leçons sur la grande guerre alors qu’eux en sont morts. Il y a des tas de noms, des tas d’hommes qui sont morts pour nous permettre d’avoir ce que nous avons aujourd’hui.
C’est grâce à eux qu’en ce jour j’ai pu m’exprimer librement, sereinement, et prôner un message de paix, que j’espère avoir partagé avec vous et avec les générations futures pour le monde à venir. Je suis devant vous avant tout, pour remercier tous ceux qui sont morts pour la France, pour nos libertés, notre paix, pour nous permettre de nous réunir ici, en cette année de commémoration nationale, et de participer cents ans après à leur mémoire.
Ce n’est pas parce que, Louis de Cazenave et Lazare Ponticelli sont les derniers combattants français de la première guerre mondiale morts en 2008, que nous devons taire leur mémoire. Notre mémoire.
Merci à vous de nous avoir permis de poser nous-mêmes des mots sur ceux que nous avons appris, de réfléchir sur la chance que nous avons, sur leur histoire, notre histoire, celle de la France entière.