Par Najib Zakka ,
Professeur des Université,
Past Gouverneur Ancien Doyen de la Faculté Lille 3
L’INTERCULTURALITE
Admettre chez les autres des manières de vivre et de pensées différentes des siennes, telle est une valeur que chacun de nous devrait partager.
Le rapport à autrui est double : d’un côté l’individu s’identifie à un groupe, à un sujet collectif, dépassant ainsi son individualité dans le partage des sentiments, des normes et des idéaux, de l’autre, il enrichit sa personnalité en s’affirmant dans la relation à autrui comme sujet personnel. Il est évident que l’homme ne pourra parvenir à une solution satisfaisante de ses problèmes individuels, sociaux , nationaux et internationaux , avant de connaître clairement la nature de son être propre et d’avoir déterminé la place qu’il occupe dans l’immensité de l’Univers .
Le respect de la diversité des cultures, la tolérance, le dialogue et la coopération, dans un climat de confiance et de compréhension mutuelle sont l’un des meilleurs gages de la paix et de la sécurité internationale.
L’interculturalité suppose que l’on perçoive la diversité culturelle comme quelque chose de naturel et évident et qu’on y adhère de ce fait. Elle suppose une écoute mutuelle et un dialogue entre les cultures, qui sont source de partage et de respect. Essentiellement, l’approche interculturelle fait valoir le point de vue selon lequel la diversité culturelle ne menace pas le tissu social d’une société, mais l’enrichit.
L’homme, né sur un territoire précis, éprouve vite le besoin de surmonter ses limites, d’étoffer son existence en élargissant son horizon. Grâce à ce perpétuel mouvement du sens de la vie, l’homme ne cesse de s’humaniser et d’humaniser l’univers.
Le Rotary dans un cadre universel et structuré devient un champ de réalisation : 1.200.000rotariens, 35 000 clubs présents dans plus de 200 pays, œuvrent pour la formation des jeunes, l’allégement de la souffrance, la diminution de la pauvreté, la lutte contre l’ignorance, le dialogue de cultures et l’entente entre les peuples.
L’EDUCATION
Le Rotary International, dans cette première décennie du XX1ème siècle se trouve devant un nouveau défi : s’interroger sur son rôle dans le monde.
Les membres du Rotary s’engagent alors dans une paix positive, qui vise à résoudre les causes sous-jacentes des conflits, à savoir la pauvreté, les inégalités, les tensions ethniques, la mauvaise distribution des ressources et le manque d’accès à l’éducation.
Qu’il me soit permis ici d’insister sur un aspect qui constitue l’axe de gravité des actions rotariennes ; à savoir l’urgence absolue de combattre l’ignorance et de donner des chances réelles d’accès à la connaissance comme un gage d’avenir meilleur pour notre humanité.
L’éducation forge toutes les bases de la confiance mutuelle qui fonde la tolérance et la coopération féconde pour bâtir une communauté plus juste, respectueuse de la loi, des libertés fondamentales et des droits de la personne humaine. Elle est un élément capital pour la promotion de la paix dans l’esprit des hommes pour que l’humanité passe d’une culture de la violence à une culture du partage, de la tolérance et de la justice.
L’objectif principal du Rotary, n’est-il pas promouvoir la connaissance et le développement du sens de la paix dans les sociétés humaines ? Pouvons-nous contribuer au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde sans le rayonnement de l’esprit par l’éducation, la science, la culture et la communication ? La collaboration entre nations reste aussi actuelle et nécessaire que jamais. En dépit des efforts nombreux des bâtisseurs de paix, l’humanité demeure la proie de la guerre, du terrorisme, de la violence, du crime, de l’intolérance et des conflits. Nous sommes encore loin de l’objectif d’une paix durable, fondée sur la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité.
L’éducation est au cœur de toutes les réponses à ces questions. En tant que facteur primordial du renforcement des capacités et de la transformation, elle peut nous rendre mieux à même d’affronter et de maîtriser le changement. Non seulement elle forme les esprits mais elle les transforme. Elle crée un espace de dialogue et d’échange, elle encourage le respect et la tolérance, elle intègre les principes des droits de l’homme dans la vie quotidienne et renforce les actions positives.
Je suis convaincu que l’éducation est l’instrument le plus important pour la réalisation de ces objectifs. L’objectif du RI est clairement affiché : renforcer la capacité des collectivités à proposer une éducation de base, réduire les inégalités entre les sexes en matière d’éducation et améliorer l’alphabétisation des adultes. La fondation Rotary soutient l’éducation au travers de bourses d’études, de contributions et d’actions dans le monde entier.
LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE ET l’INTOLERANCE
La violence et l’intolérance ne sont pas la propriété d’une seule nation ou d’un seul peuple, elles accompagnent l’humanité dans son existence et dans son histoire. Elles sont un défi que l’homme doit relever.
Violence et tolérance, deux termes qui nous interpellent à l’heure actuelle et qui nous placent devant l’obligation de nous interroger sur notre propre humanité. Pouvons-nous parler de ces deux mots sans nous référer à l’histoire, à la succession des civilisations, à l’aventure humaine dans toutes ses dimensions ? Violence et tolérance sont liées directement à la nature humaine dans sa noblesse et sa dérive, sa grandeur et sa petitesse, sa force et sa faiblesse, son espérance et sa détresse.
Loin de sous-estimer les approches historiques, religieuses, philosophiques et morales de la violence, il ne faut pas oublier que notre organisme, en tant que personne morale, intervient et influence le champ international. Il s’agit pour nous, rotariens, d’un enjeu incontournable du XXIème siècle, et la création d’une chaire pour la paix au sein de l’Université Catholique de Lille en est le témoin.
La lutte contre la violence et l’intolérance sont deux thèmes majeurs du programme des Centres rotariens pour la paix. Associant études traditionnelles et stages pratiques, les jeunes diplômés deviennent des catalyseurs de paix et de résolution des conflits au niveau local et mondial.
Oui, le Rotary est porteur de valeurs universelles. Des valeurs de paix, de liberté, de progrès social, d’égalité en droits et dignité, de tolérance, de solidarité, d’amour et de justice. Ces valeurs ne vont pas de soi. Nous devons mûrement y réfléchir. Nous devons les défendre face aux dangers actuels de nos sociétés, qui sont la ségrégation, la violence, le repli sur soi, le communautarisme.
Le dialogue, nous l’avons vu au cours de cet exposé, ne vise pas à convaincre l’autre de cesser d’être lui-même, il cherche au contraire à le découvrir dans sa profondeur afin de lui permettre de participer par sa pensée, son expérience personnelle et sa foi, à la découverte de ce qui essentiel dans une vie humaine.
La liberté de l’esprit reste la pierre angulaire de chaque liberté. L’esprit et la volonté doivent se livrer à l’examen impartial des données de leurs actions. Ici se situent tous les complexes du choix humain qui deviendra force de conduite exemplaire.
Mes amis, nous sommes aujourd’hui implantés à travers le monde loin de toute ségrégation raciale, idéologique ou religieuse, poursuivons notre idéal servir d’abord, cherchant sur tous les visages le reflet de notre propre existence.
Notre regard sur le monde justifie le développement de notre mouvement, non seulement une force de propositions mais également un vivier d’actions au cœur de l’évènement. Forts d’une conviction solide et conscients de la légitimité des horizons que nous désirons atteindre, soyons présents au rendez-vous de l’histoire de notre humanité. Comme le disait mon ami Past-gouverneur Pierre WEMEAU, « L’impossibilité de jamais parler de la paix comme d’un acquis ne justifie pas pour autant un tragique, confortable et dangereux scepticisme sur sa possibilité, mais signifie que la paix doit toujours être construite et indéfiniment préservée. »