Pourquoi une chaire de la PAIX ?
Par Jacques Guiset
Rotarien au club de Lille Nord Nouveau Siècle
Chirurgien – lauréat de la bourse Sachs : chercheur à la Harvard Medical School
Le monde bouge tout le temps. Les temps sont redevenus dangereux et les leaders sont impuissants.
LES CONFLITS
D’où cette idée de création d’un centre de recherche allant jusqu’à la thèse parce que au XXI siècle nous devons comprendre notre monde et essayer de répondre à cette question éternelle de la Paix et de la Guerre ; La réponse immédiate se trouve d’abord dans le constat que
¾ Les conflits semblent toujours se multiplier par période ou par cycle et que nous sommes dans un nouveau cycle de violence
¾ Nos leaders semblent impuissants
¾ Nos Etats aveugles ou sourds sinon amnésiques. La cécité ou la perte de mémoire des Etats est une réalité d’où l’une des phrases prémonitoire de CHRUCHILL« Oublier le passé, c’est accepter son retour » Et celle complémentaire lorsqu’il ajoutait « plus vous irez loin dans le passé plus vous verrez loin dans le futur »
Je ne veux pas oublier
LES LANGUES DE BABEL
De plus, la France et la langue française ont une vocation universelle.
EXPOSE
Un nouveau monde s’ouvre prodigieusement incertain, entre une situation de guerre et de paix, sans référentiel et sans boussole, contrairement à Christophe COLOMB, son astrolabe et ses cartes de PTOLEMEE. Aujourd’hui seuls 10 pays dans le monde ne sont pas en guerre.
Regardons l’histoire de la guerre et de la paix :
1. La connaissance de l’histoire nous permet de mieux appréhender le présent. Désormais depuis THUCYDIDE, XENOPHON, GRATIUS, nous regardons l’histoire de la guerre comme
¾ une matière intellectuelle avec ses paramètres
¾ une matière historique, politique ou sociale qui se confond avec le Droit
¾ une matière stratégique utilisée pour gagner qui repose sur
o Les techniques nouvelles qui assurent la puissance, comme déjà ARCHIMEDE avec ses miroirs et aujourd’hui, les mathématiques et l’intelligence artificielle
o La réflexion intellectuelle qui en résulte avec les Center for Stratégic Studies qui anticipent les conflits géopolitiques et leurs conséquences au lieu de faire le bilan des guerres,
Ce dont découlent
- les armes de dissuasion
- l’impérieuse nécessité de la puissance mécanique, atomique, biologique, informatique et l’usage des forces matérielles ou intellectuelles pour agir ou peser sur les velléités
- l’utilisation combinée de la force ou de la ruse
D’où un JUS AD BELLUM
2. En revanche, la Paix reste trop souvent un objectif squelettique :
- Où sont ses écoles ?
- Où sont ses techniques ?
- Où sont ses concepts ?
- Où sont ses experts ?
Les rares Peaces Centers semblent peu efficients et doivent être développés
D’où un besoin d’un JUS AD PACEM
Le respect des normes des engagements de nature romaine ou religieuse ou juridique s’appuie souvent sur un juridisme occidental qui aboutit à des échecs.
Il faut donc inventer autre chose que du droit romain, de la philosophie des lumières, de la doctrine des droits de l’homme ou du droit naturel, c’est là notre défi.
Pourquoi ces échecs itératifs ? C’est là votre défi !
3. Il ne s’agit pas d’être pacifistes ou utopistes, il s’agit pour vous d’être à un niveau de professionnalisation de la paix comparable à ceux qui font la guerre mais ne savent pas s’organiser pour établir une paix durable en associant les vainqueurs et les vaincus.
PROPOSITIONS HISTORIQUES
Je donnerai deux exemples
A. L’IDEE DE H.DUNAND
Apres la victoire ou la défaite hyper sanglante de SOLFERINO, H. DUNAND a su inventer La Croix-Rouge lors de la convention de GENEVE en 1864
Cette convention fut suivie de nombreuses autres conventions, sur les droits des prisonniers, sur la gestion des biens culturels en 1954(convention de la HAYE) etc. Bref, un droit international nouveau, celui de l’humanitaire, de la culture était né !
Afin de contourner l’échec du « foedus », il faut créer un nouveau JUS AD PACEM
B. LE TRAITE DE VERDUN
L’usage de la langue et des concepts des langues ne sont pas innocents dans la construction de BABEL, d’où l’idée que tout traité doit être rédigé dans la langue du vaincu
Le traité de VERDUN en 832 a été
- CONCLU et établi entre les petits enfants de CHARLEMAGNE
- EXPRIME dans les deux langues
- LU dans les deux langues par chacun des deux camps
Ce traité a permis d’éviter que, comme dans le traité de Versailles, ce traité soit rédigé en français, avec une annexe en anglais et pas en allemand, donc que les vaincus ne puissent même pas accéder aux termes du traité d’où l’une des causes probables de la deuxième guerre puisque les allemands, à part le montant de l’indemnité, ne connaissaient pas les termes du traité qu’ils ont ensuite allégrement bafoués dans ses dispositions sans conséquence et laissant les français donc le monde sans défense
4. Il s’agit d’inventer une nouvelle science, de faire le contrepoids à la polémologie ou à la poliorcétique , d’inventer des concepts nouveaux et de créer des spécialistes multiculturels de haut niveau, pour réfléchir sur ces nouvelles questions restées incomprises ou comprises trop tard par nos leaders dits modernes.
Il existe un engouement pour la pensée militaire comme en 1914
· la stratégie, comme science de la direction générale de la guerre
· la tactique, comme organisation du combat et disposition des troupes
A vous d’inventer ici les concepts qui changeront le monde.
Les concepts sont des choses fragiles, non seulement parce que notre culture, notre façon de dire les choses, nos croyances, notre langue, notre formation et notre expérience déterminent notre façon de les penser, mais que, si nous les disons mal, si nous ne les formalisons pas avec les bonnes idées, les mots que la langue utilise pour les décrire, resteront faux ou contradictoires donc engendreront de l’incompréhension et de nouvelles guerres
Il existe aujourd’hui une opportunité, avec cette nouvelle chaire, de création d’une nouvelle science pour répondre à la complexité de l’action humaine
- Je crois aux paradigmes nouveaux, à la coupure épistémologique et aux catastrophes de René THOM, comme exemples d’état métastable
- Je crois aux pensées disruptives et aux bifurcations des concepts de l’histoire
- Je crois à l’histoire de la pensée française et de la culture française car l’union des parties ne peut se faire que sur la reconnaissance préalable de la diversité
La paix ne repose pas que sur la force et la ruse. Elle n’est pas un fruit alimenté par le commerce et son hégémonie apparente car, au-delà de tout, il y a la pensée, l’intelligence et l’évolution du monde
D’où nos espoirs dans la création de cette Chaire de la PAIX et sa justification
Merci de votre implication,
La réussite de cette ambition est dans votre camp
Bon vent sur cette nouvelle matière !