LA CULTURE DU ROTARY

Blog de Serge GOUTEYRON

LA CULTURE DU ROTARY - Blog de Serge GOUTEYRON

Culture professionnelle et code rotarien de déontologie

Par Serge Gouteyron

La culture professionnelle est l’essence même de notre organisation puisque c’est elle qui est à l‘origine du Rotary.

Quand il  s’agissait pour le groupe d’amis rassemblés  autour de Paul Harris de s’indigner contre les pratiques professionnelles malsaines et de proposer une autre vision.

Car dans le Chicago du début du siècle dernier, la demande de vertus était si forte qu’il est difficile pour  nous d’imaginer à quel point.

Raymond Havens qui sera Président du Rotary International en 1922-23 voulait que la « déontologie professionnelle devienne le fondement de la civilisation universelle ».

Arthur Sapp, autre Président du Rotary préconisa d’instaurer pour toutes les professions un « code de déontologie inspiré du Rotary ».

Des années 30 jusqu’à son adoption en 1943 par le Rotary, le critère des 4 questions d’Herbert Taylor , dépassera la seule déontologie professionnelle en proposant que les vertus de vérité et de loyauté deviennent le socle de relations humaines rêvées.

Puis les rotariens adoptèrent au conseil de législation den 1989, la déclaration des rotariens en affaires et tout récemment l’an dernier au conseil d’administration, le code rotarien de déontologie qui précise :

En tant que Rotarien, je m’engage à :

1. Incarner l’intégrité, une valeur fondamentale, dans mon comportement et mes actes.

2. Mettre mon expérience et mes compétences professionnelles au service du Rotary.

3. Observer une éthique personnelle et professionnelle, et ainsi montrer l’exemple.

4. Traiter autrui avec équité et respect.

5. Reconnaitre et respecter les mérites de toute profession utile à la société.

6. Utiliser mes talents professionnels pour offrir des opportunités aux jeunes, aider les personnes dans le besoin et améliorer la qualité de la vie dans la collectivité.

7. Etre digne de la confiance placée dans le Rotary et les Rotariens, et ne rien faire qui puisse en ternir la réputation.

8. Ne pas solliciter auprès d’autres rotariens des privilèges et des avantages qui ne sont pas pratique normale dans un cadre professionnel.

Cette exigence, ces principes sont au cœur  des préoccupations et des comportements des rotariens aujourd’hui comme il y a un siècle.

Cette démarche et cette pensée sont notre force et notre identité.

Au moment où nous réfléchissons à notre futur, sachons mettre en valeur ce qui fait du Rotary une exception parmi les organisations de service.

Quel avenir pour les clubs service – Introduction

Par Serge Gouteyron

Par ses valeurs, son esprit de service, ses compétences mais aussi par ses qualités de gestion et de rigueur de l’institution, le Rotary est devenu une très grande organisation.

Du premier cercle (le groupe d’amis réunis autour de Paul Harris) à l’acteur de paix au sein des Institutions internationales jusqu’à l’organisme humanitaire et éducatif à multiples services d’aujourd’hui, le Rotary a répondu à chaque fois, à une attente de la société.
Il a accompagné l’ère industrielle, survécu aux grands conflits armés, aux régimes totalitaires, participé à l’évolution de la pensée, à la croissance et au développement des nations.
Non politique, non confessionnel, il occupe une place unique par ses vertus humanistes, son attitude éthique, son réseau amical.
Tisser des liens, renforcer la cohésion sociale, vivre mieux ensemble, ajouté à son expertise dans l’éradication de la polio, la résolution des conflits, l’éducation pour tous, la santé, l’eau et l’assainissement et quelques autres domaines font de lui un innovateur social respecté.
Alors que nous sommes en train de changer de monde – Michel Serres (je crois que philosopher c’est anticiper).


Quelle place pour le Rotary et quel avenir pour les clubs service ?

  • Un monde numérique, avec des milliards de données au bout des doigts, hypermondialisé et en compétition partout. Le monde du savoir partagé.
  • Un monde qui verra la fin du monopole occidental et la fin du leadership des Etats Unis.
  • Un monde dans lequel le centre de gravité basculera vers une Asie tirée par la Chine (ce qu’a anticipé le Rotary avec 4 de ses récents présidents en provenance de Corée, d’Indes, du Japon et de Taïwan).
  • Et pour nous rotariens, un monde où l’expression individuelle, radicale et la montée en puissance des opinions publiques mettront nos sociétés toujours plus sous tension.

C’était toute l’actualité du Forum de Bruxelles du 6 décembre dernier organisé par le rotary club de Wezembeeck-Krainen


Quelle serait la vision de Paul Harris ?
Comment répondrait-il aujourd’hui à son souci du devenir de l’homme face à l’évolution de la société ?
Les valeurs et vertus rotariennes : camaraderie, éthique, compréhension, solidarité perdureront mais seront doute plus rares et donc plus recherchées et le rôle du Rotary comme régulateur social et pacificateur des rapports humains apparaitra comme une chance.

Les 3 cultures sur lesquelles s’est construit le Rotary seront-elles toujours déterminantes :

  • La culture professionnelle n’a pas été au bout de ses possibilités dans l’utilisation des compétences des rotariens et l’idée d’Arthur Sapp (Président du RI en 1927) d’un code de déontologie inspiré du Rotary pour toutes les entreprises serait un acquis considérable pour notre civilisation.
    La démarche éthique, celle qui est issue du critère des 4 questions, celle d’une vision cohérente de ce qui est juste, celle de la responsabilité personnelle des rotariens est très loin d’avoir traversé la société et imposé son modèle.
  • La culture du service des rotariens provient de leur esprit de service, en quelque sorte, un message d’amour laïc,
    tandis que les actions de service internationales s’organisent maintenant autour des 6 axes stratégiques du plan vision soit : paix et résolution des conflits, éducation primaire, eau et assainissement, prévention et traitement des maladies, santé de la mère et de l’enfant et le développement économique local (le Conseil de Législation ouvre la réflexion sur un7ème axe : le développement durable)En tous cas autant d’objectifs du millénaire des Nations Unies qui confortent le Rotary International comme l’organisation privée partenaire n°1 des Institutions internationales dans leur objectif de paix et de développement.
  • La culture de la paix est un but du Rotary International depuis 1921, c’est à la convention d’Edimbourg que fut adopté le 4ème but : l’action internationale et « l’aide à l’avancement de la paix ».

De grandes dates jalonnent l’itinéraire :
1942 : conférence du Rotary à Londres qui décidera de la création de l’UNESCO
1945 : contribution à la rédaction de la charte des Nations Unies à San Francisco
1950 : comité interpays France Allemagne à Strasbourg
2000 : création de 7 centres d’études pour la paix et la résolution des conflits
Une approche de la paix, de la paix civile et de la sécurité construites sur les relations internationales. (Et pourquoi ne pas se positionner comme un acteur de terrain en fédérant les initiatives existantes de résolutions des conflits).

  • Mais ces 3 cultures, sur le fond, ont-elles comme le souhaitait un Président des Etats Unis (Waren Harding) en 1921 « garantit la tranquillité et la marche en avant du monde » ?

De ce propos introductif, il ressort 3 questions pendantes qui seront à l’ordre du jour des préoccupations de l’Institute de Monaco en novembre 2013 :
Quelle attitude éthique dans la vie rotarienne ?
Quelle cause pour le Rotary International ?
Quel club service pour le 21 siècle ?

A propos des devises du Rotary

Par Serge Gouteyron

C’est en 1950, à la convention de Détroit, que « servir d’abord » (service above self) est devenu la devise officielle du Rotary International, plaçant, dès lors, notre organisation, sous la philosophie du bénévolat désintéressé.

Déjà en 1911, la convention de Portland avait entériné cette ligne clôturant un débat qui a agité les rotariens de 1906 à1911.

En effet, en 1906, le club de Chicago avait inscrit dans son règlement intérieur une phrase qui prêta à confusion : « le soutien aux intérêts professionnels de ses membres ».

Cette phrase comprise comme une obligation à l’« entraide professionnelle » était contraire à l’approche déontologique affirmée à la création du club.

Arthur Frederick Sheldon

A la convention précédente en 1910 à Chicago, Arthur Sheldon avait déclaré : « seule l’intégrité paye, les affaires sont la science du service » et trouva cette formule « qui sert le mieux autrui profite le plus » qui sera adoptée l’année suivante.

Cette devise indique que l’action professionnelle repose sur l’action individuelle de chacun. Elle est toujours très en vogue chez les rotariens japonais.

Il y eut à la convention de Portland une autre proposition, allant dans le même sens.

Elle émanait de Ben Collins – rotarien à Minneapolis. Il y exposa le principe que son club avait adopté « le service non pour soi-même » « service not self ».

Ben Collins reçut le soutien de Paul Harris et sa proposition fut accueillie avec enthousiasme mais ne sera formulée sous la forme « Servir d’abord » qu’en 1950.

Depuis, le Conseil de Législation de 1989 a adopté « la charte des rotariens en affaires » (d’ailleurs révisée et confortée par le Conseil d’Administration l’an dernier).

Elle stipule que c’est par l’exercice de sa profession que le rotarien sert en priorité la société (particulièrement pour la formation et le soutien aux jeunes) et ce, dans le respect des critères déontologiques de chaque profession.

Dans son dernier article elle énonce très précisément qu’il n’y a pas d’obligation à accorder à un autre rotarien des privilèges ou avantages qui ne seraient pas une pratique normale (mais ceci ne concerne pas, bien sûr, ce qui ressort du seul soutien amical).

En tous cas, aujourd’hui comme à la création, les rotariens restent fidèles à la philosophie du bénévolat désintéressé et continuent de manifester leur esprit de service tant dans leur engagement professionnel que public.

Un code de déontologie inspiré du Rotary pour toutes les entreprises

Par Serge GOUTEYRON

Faire de la déontologie l’une des valeurs fondatrices de leur club était l’objectif de Paul Harris et ses amis en 1905.

Il faut dire que l’attente était forte de redonner à l’homme toute sa place dans la société corrompue de Chicago.

Arthur Sapp

A tel point qu’en 1927, Arthur Sapp alors Président du RI demandera même « un code de déontologie inspiré du Rotary pour toutes les entreprises ».

Déjà en 1922, le Président du RI Raymond Havens avait demandé « que la déontologie professionnelle soit la fondation de la civilisation universelle »

Mais ce chantier ne pourra être ouvert  car d’autres et inquiétantes préoccupations surgirent : la crise de 1929 suivie de nombreuses guerres.

Pourtant cette idée garde toute sa pertinence malgré les grandes difficultés d’élaboration et d’application qu’elle engendrerait.

Toutefois, cela ne pourrait se faire qu’en partenariat avec une institution internationale, qui  inscrit l’éthique (publique, sociale, professionnelle) parmi ses priorités.

Puis, au fur et à mesure que grandissait notre organisation, grandissait avec elle son ambition d’influencer l’histoire des hommes.

C’est Herbert Taylor de 1932 à 1943 qui codifiera la démarche éthique du Rotary avec l’adoption du critère des 4 questions par lequel  vérité, loyauté et intérêt général guident les rapports professionnels et humains.

Vous avez sans doute pu mesurer avec quelle ferveur est déclamé le critère des 4 questions dans les clubs anglo saxons.

Et aujourd’hui, lorsqu’on évoque la dimension éthique du Rotary, on fait référence à la vocation professionnelle originelle de notre organisation tout comme à l’exercice de la responsabilité personnelle, celle qui justifie nos comportements et nos choix pour donner une vision cohérente de ce qui est juste comme l’a défini le philosophe Alain

Avec l’éthique professionnelle, nous sommes dans le domaine du témoignage personnel et subjectif. Il est donc assez difficile d’en apprécier les effets sur le moment.

Cependant, nous disposons en France avec le concours national d’éthique des Grandes Ecoles d’un baromètre précieux pour connaître les aspirations de la jeunesse dans la recherche d’une éthique contemporaine.

J’aurai d’ailleurs l’occasion de revenir sur cette excellente initiative.